Les 5 mesures du plaidoyer
Le plaidoyer WalVeg repose sur 5 grandes MESURES stratégiques et 31 points d’action à mettre progressivement en oeuvre d’ici 2040 en Wallonie.
Mesure 1 | Politiser
Inclure la végétalisation de l’assiette et de son mode de production dans les stratégies et plans pertinents pour la Wallonie (Manger demain, stratégie wallonne de développement durable, plan de relance…), ainsi que dans les accords de gouvernement et de majorité.
Mesure 2 | Innover
Innover dans les méthodes d’agriculture agroécologiques dépourvues d’intrants d’origine animale (plant-based organic farming) – 4 points clés
Soutenir la recherche agronomique dans l’axe de la végétalisation des pratiques suivant 4 points clés :
1. Développer des nouveaux modèles performants d’agriculture agroécologiques et dépourvus d’intrants d’origine animale (sol vivant, circuit court, externalités positives,.. ) notamment via le mulching de foin, et soutenir les projets d’innovation “plant-based organic farming” par un prix (ou prime) de la Région Wallonne.
2. Quantifier l’impact des différents types d’agricultures actuelles ou prospectives en termes de GES (sans se limiter au CO2) et de biodiversité; identifier les leviers, élargir l’échelle d’analyse en incluant l’impact sur les écosystèmes distants, notamment via l’importation d’aliments responsables de déforestations.
3. Explorer la diversité alimentaire végétalisée possible en Wallonie.
4. Évaluer comment inclure et valoriser le critère éthique et écologique des systèmes de production “plant-based” parmi les autres critères et labels d’agriculture positive (préservation de la biodiversité, conservation des sols, bio, zéro résidu, local, équitable,…)
Mesure 3 | Intégrer
Végétaliser les assiettes – améliorer l’accessibilité des produits « plant-based » et favoriser l’inclusion de toutes les confessions et communautés dans la société – 8 points.
1. Concevoir des campagnes d’information du grand public afin de sensibiliser aux avantages de l’alimentation, de la nutrition et de la cuisine végétales.
2. Soutenir et développer des projets d’éducation en nutrition et alimentation végétalisées.
3. Permettre aux personnes qui font le choix de végétaliser leur alimentation de se sentir partie intégrante de la société en soutenant le développement d’une offre systématique de menus végétaliens. Objectif : « un plat végétalien et délicieux à chaque menu et à chaque endroit ».
Notons par ailleurs que les repas végétaliens sont plus facilement compatibles avec l’ensemble des confessions, croyances et religions existantes, et favorisent donc l’inclusion dans nos sociétés cosmopolites.
4. Soutenir la gastronomie végétalienne par des concours et promotions (APAQ-W).
5. Inclure la gastronomie végétalienne dans les formations aux métiers de bouche et dans l’accompagnement des restaurateurs.
6. Inclure la sensibilisation à la végétalisation de l’assiette dans les programmes scolaires par le soutien de journées d’animations, par l’inclusion d’un module spécifique à la formation continue des professeurs (journées pédagogiques), par l’inclusion transversale dans les programmes de cours via la conception d’outils pédagogiques.
7. Promouvoir une politique de « Un jour/semaine végétal et local » dans les cantines scolaires et les cuisines de collectivités.
8. Établir des plans de transition sur 5 ans vers des repas végétalisés dans les écoles, les hôpitaux, les maisons de retraite, les prisons et les institutions étatiques.
Mesure 4 | Réorienter
Élevage en transition : 9 points pour réduire la souffrance animale de 90%, c’est possible sans perdre aucun éleveur et en améliorant leurs conditions économiques à l’horizon 2040.
1. Réduire l’élevage de 90% sans réduire le nombre d’éleveurs. Objectif à 15 ans : “la ferme de 15 vaches” sans perte de revenus pour l’éleveur (contre 152 bovins par exploitation wallonne détentrice en 2022).
Comment consolider les revenus des agriculteurs en transition ?
2. Orienter les aides agricoles vers des aides au producteur(plutôt que, in fine, à l’hectare) ; enrayer le transfert des aides vers les producteurs restants (massification) et donc vers des exploitations de plus de plus grosses, dans le cadre du déclin du nombre des actifs agricoles. Soutenir préférentiellement les petits producteurs et nouveaux producteurs, porteurs de nouveaux modèles agroécologiques.
3. Afin d’accroître la rentabilité des élevages de petite taille, développer la transformation à la ferme et le circuit court : objectif 100 % de la fourche à la fourchette.
Revenir à une agriculture à taille humaine qui fait sens. Tendre vers un modèle d’élevage résilient basé sur les principes d’autonomie fourragère et de non-concurrence avec l’alimentation humaine prenant en compte les limites planétaires avec une logique d’agro-écosystème, selon la formule “les agriculteurs et agricultrices ne devraient pouvoir élever que les animaux qu’ils / elles peuvent nourrir”, sur base des productions propres, concrètement :
4. Revenir à une ferme strictement liée au sol en diminuant progressivement les kms parcourus par les aliments : rechercher une autonomie en aliments à l’échelle de 1° l’Europe, puis 2° la Belgique, 3° la Wallonie, 4° le terroir (pays agricole), 5° le village, 6° la ferme à l’horizon 2040.
5. Revenir à la vache qui mange de l’herbe :limiter progressivement la part des concentrés et des céréales dans l’alimentation bovine, valoriser positivement l’alimentation exclusive à l’herbe des herbivores.
6. Réorienter l’élevage des monogastriques (poules, cochons) vers la valorisation des sous-produits à l’échelle de la ferme dans sa logique originelle (vaches – cochons – poules élevés ensemble) en simplifiant les démarches et contraintes pour les micro-élevages et en réduisant la taille admissible des élevages (qu’il soit plus évident d’élever 50 poules plutôt que 120 000…, notamment par une simplification des normes sanitaires pour les petits élevages ).
Accompagner la transition
7. Désindustrialiser la mort : Réorienter l’abattage industriel vers l’abattage à la ferme sous la responsabilité morale de l’éleveur par des installations mobiles ou micro installations répondant à des normes strictes en matière de respect de la bientraitance animale (s’appuyant sur le respect des cinq libertés définies par la FAWEC), de sécurité sanitaire et environnementale, de formation aux techniciens d’abattage, de réels contrôles stricts et rigoureux par des organismes indépendants.
8. Développer les alternatives végétales aux fumiers afin de réduire la dépendance des fermes à l’élevage dans le cadre de leur fertilisation des terres, notamment via une meilleure intégration de l’arbre au circuit des fermes, “plus de carbone pour le sol avec moins de vaches”.
Réduire en premier les souffrances animales qui ne se justifient pas par les besoins du marché intérieur wallon.
9. Réduire les productions destinées à l’exportation de produits d’origine animale en priorisant la limitation des exportations de produits industriels à bas coût qui en constituent l’essentiel (torillon BBB, porc piétrain, poulets industriels,…), notamment via un moratoire sur les permis pour de nouvelles installations des productions concernées et des mesures d’accompagnement à la réduction des cheptels. Diminuer, et à terme interdire les soutiens aux élevages intensifs.
Mesure 5 | Développer
Accompagner les créations et les transformations vers une agriculture agroécologique dépourvues d’intrants d’origine animale – 10 points clés
Cette agriculture est basée sur les techniques de conservation des sols : agroforesterie, couverts, réduction du travail du sol, allongement des rotations, association de cultures, auxquelles s’additionnent l’agriculture sur foin, une ressource très abondante en Wallonie (47 % de la Surface Agricole Utile) et l’augmentation de la part des espèces pérennes comestibles…
1. Soutenir et favoriser les agricultures les plus efficaces en termes de captation du CO2 et d’impact sur la biodiversité des écosystèmes proches et distants, notamment par le choix des mesures dans le cadre des PWDR (Plan Wallon de Développement Rural).
2. Développer les alternatives aux effluents d’élevage dans la fourniture de carbone au sol : agroforesterie, couverts végétaux, mulching de foin,…, favoriser l’utilisation de composts et broyats végétaux en agriculture (notamment biologique).
3. Établir une taxe “durabilité” sur les produits alimentaires les moins vertueux et soutenir la transition vers les modes de production végétale les plus vertueux par une politique de subvention.
4. Accompagner et soutenir les projets de réduction des troupeaux dans un axe qui vise la qualité par le passage partiel des fermes d’élevage au végétal dans leurs systèmes de production.
5. Fournir un soutien financier et un accompagnement aux agriculteur.rices.s et aux éleveur.se.s qui souhaitent se reconvertir dans des systèmes agroécologiques diversifiés dépourvus d’intrants d’origine animale.
6. Soutenir les semenciers belges dans le développement et l’adaptation de variétés de céréales et de protéagineux adaptés à la nutrition humaine sous nos climats. Redévelopper par une approche filière la production des céréales panifiables et des légumineuses destinées à l’alimentation humaine.
7. Augmenter les revenus de l’agriculteur.rice en production végétale pour alimentation humaine par une politique de marchés publics : prioriser les petits producteurs locaux dans la fourniture des cuisines de collectivités (plan Lula) ; fournir les réseaux de lutte contre la pauvreté avec des produits locaux et végétaux de top qualité en priorité avant la revalorisation complémentaire des déchets « invendus » du macro-système agroalimentaire mondialisé et de sa grande distribution.
8. Soutenir les projets maraîchers avec des mesures plus accessibles et qui encouragent la production d’une alimentation végétale la plus complète possible sur la parcelle (légumes, fruits, céréales, légumineuses,..), notamment par la prise en compte des céréales et légumineuses (alimentation humaine) dans les surfaces éligibles à la prime maraîchage diversifié bio sur petite surface.
9. Soutenir les projets pilotes de fermes végétaliennes agroécologiques.
10. Accompagner et soutenir des créations et/ou transitions complètes vers des fermes refuges/sanctuaires qui invitent les citoyen·n.es à établir un autre rapport à l’animal (et assurent souvent un réel rôle éducatif).